POMPEI
A Scribonia
« Litterarum amor multaque eruditio, quod in illa domo facile erat…
(« Elle avait l’amour des lettres et possédait une grande culture générale, ce qui était facile dans cette maison… »)
Macrobe,
Saturnales, 2, 5.
« Je sais que j’ai vécu ici, moi Paquius Proculus,
avec la plus aimable et la plus aimante des femmes,
mère délicieuse de mes sept enfants… »
Athanase Vantchev de Thracy
Tu dis : « Quelle belle journée ! », en admirant le ciel
Qui verse sur les jardins sa soyeuse tendresse,
La brise aoûtienne rehausse de sa liesse
Les vignes offrant leurs grappes au marbre de l’autel.
Tous nus, nos sept enfants s’ébattent dans la fontaine
Voulant serrer l’eau bleue entre leurs mains rieuses,
Leurs cris caressent l’air pur de cette joie pieuse
Si chère à notre simple âme campanienne.
Savais-je alors, savais-je, ma frêle patricienne
Que le destin féroce dormait à notre porte
Et que la mort antique et ses tragiques cohortes
Allaient de leur fureur frapper nos vie sereines ?
En vain les millénaires veulent consoler mon cœur
Cherchant parmi les cendres les lettres du bonheur.
Athanase Vantchev de Thracy
A Pompéi, ce jeudi 29 novembre 2007
J’ai écris ce poème après avoir visité les vestiges de Pompéi avec un guide privé. Une immense douleur s’était saisie de tout mon être. Oui, j’avais vécu ici, dans cette villa qu’on appelait à présent la Maison de Paquius Proculus. C’était moi Paquius Proculus dont le portrait se trouve au Musée archéologique national de Naples. Voici ce qu’on peut dire à propos de cet homme et de sa demeure :
Le propriétaire de la splendide villa était un personnage très influent, à tel point que son nom figure dans différents programmes électoraux. Dans le vestibule (appelé ainsi en l’honneur de Vesta, déesse titulaire du foyer) de la villa, on voit l’élégante figure d’un chien attaché à la chaîne. Le tablinum (salle où demeurait le maître de maison) et le triclinium (la salle à manger) sont décorés de mosaïques ; dans une exèdre (lieu entre plusieurs lieux qui permet de passer d'un espace à un autre et où on peut s'asseoir et discuter) du côté nord du péristyle ( grande cour entourée de portiques dont le milieu était aménagé en jardin, avec des fontaines et des statues) on a découvert les squelettes de sept enfants qui s’étaient réfugiés là pour se mettre à l’abri de l’éruption du Vésuve. Les jardins étaient aménagés pour les repas en plein air ; à l’étage au-dessus du portique s’ouvrait une loggia. C’est dans cette maison qu’on a trouvé le portrait de Paquius Proclus et de son épouse.
Glose :
Macrobe (Ambrosius Theodosius Macrobius - la fin du IVe siècle et le début du Ve) : philosophe, philologue et homme politique. On sait très peu de choses sur la vie de Macrobe. En 399-400, il gouverna l'Espagne, puis la Gaule, en qualité de lieutenant d'un préfet du prétoire. En 409-410, il fut proconsul à Carthage. Il se serait converti sur le tard au christianisme. Mais, pendant la plus grande partie de sa vie, il avait été un païen convaincu. Il avait vécu dans la société aristocratique des Symmaque, des Prétextat et des Nicomaque, tous partisans décidés des vieux cultes. Outre un opuscule de grammaire comparée, Sur les Différences et les rapports du verbe en grec et en latin, nous possédons de lui deux grands ouvrages dédiés à son fils :
1. Le Commentaire, en deux livres, sur le Songe de Scipion, où nous a été conservé un admirable épisode de la République de Cicéron, et où sont résumées les théories de la science antique, surtout des néo-platoniciens, sur l'astronomie et la physique céleste.
2. Les Saturnales, en sept livres, une vaste et riche encyclopédie sous forme de dialogues, où l'auteur a mis en scène Symmaque et ses amis.
ENGLISH :
Pompeii
for Scribonia
'Litterarum amor multaque eruditio, quod in illa domo facile erat...'
(She had a love of literature and was highly cultured, something that was natural in that household...)
Macrobius, Saturnalia, 2, 5.
'My name was Paquius Proculus, and I lived here
with a wife, good-natured, loving and loveable,
the mother of our seven children...'
Athanase Vantchev de Thracy
What a beautiful day! You say, admiring the sky
as it pours silken tenderness over the gardens,
in its joy the autumn breeze lifts the vines so that it seems as if
they're offering their abundant grapes to the marble altar.
Naked, our seven children are playing in the fountain
trying to grasp the blue water as its slips through their laughing hands,
their shouts caressing the pure air with the pious joy
so precious to our simple country souls.
If I'd only known then, if I'd only known , my frail and mortal patrician,
that savage destiny was sleeping by our door
and that ancient death and its tragic cohorts
would strike down our serene lives with their fury.
In vain the millennia try to console my heart
as I look for letters of happiness among the ashes.
Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges