LE SOUPIR DE L’AUBE M’A REVEILLE
« There is a house across the field »
(“Il y a une maison dans les champs”)
Bruce Guernsey
Avant le jour, les trilles des oiseaux
Qui chantent l’amour et librement fuient
Le gris désespoir !
Avant le jour,
La verte fraîcheur des feuilles
Dans l’organza de l’air !
Comme elle m’est chère
Cette île de la maison
Au milieu des champs !
Comme elle m’est douce
Cette cour où tout est vie,
Murmure, dilection !
Suis-je venu ici
Pour repartir demain?
Que de fois et que d’années
Assis sous le tilleul aux feuilles dansantes
Je te disais, Ami des étoiles :
« Je regarde ta face dans mon cœur aimant
Afin que je puisse me regarder dans le tien ! »
Tes yeux d’iris fixés dans le ciel,
Tu répondais :
« Ami,
Le lointain pays de la pensée métaphysique,
Où aimer n’est qu’un fruit des mots,
Je le fuis et je le crains sans borne !
Ma vie n’est qu’un frisson subit
Qui frappe le corps et se dissout
Dans le moindre souvenir de mon enfance ».
Ainsi tu me parlais, Ami des astres,
Dans mon sommeil léger
Quand, soudainement
Un rose soupir de l’aube m’a réveillé !
Paris, le 24 décembre 2007
Glose :
Bruce Guernsey : un des plus grands poètes contemporains américains.
Organza et organdi : mousseline de coton légère et apprêtée, sans doute originaire de Kounya-Ourguentch (l'ancienne Ourganda, ville de négoce entre Arabes et Chinois) au Turkménistan. En vogue à partir du XVIIIe siècle, ces tissus sont importés des Indes. Ensuite, ils sont produits en France dans les mêmes fabriques que la mousseline. L'organdi et l'organza sont deux étoffes similaires, leur dénomination diffère selon les fils employés pour le tissage. Proches de la mousseline, ils se distinguent par leur aspect rigide. L'organdi et l'organza servent dans l'ameublement pour les voilages, dans l'habillement pour les garnitures de corsages, les robes de soirée. L'organdi n'est plus utilisé dans les costumes de danse, il est trop fragile et cassant. L'organza est par contre toujours employé pour les tutus romantiques.