JAUNISSENT LES CHAMPS
« Когда волнуется желтеющая нива,
И свежий лес шумит при звуке ветерка »,
(Quand les champs jaunissants ondulent doucement
Et, fraîche, la forêt bruit sous la musique du vent »)
M. Lermontov
Jaunissent les champs, mon âme, et voilà l’automne,
Une douce mélancolie fait frissonner les feuilles,
La grande maison se vide et plus personne n’accueille
Le pur cristal des voix changées en chants atones.
Deux mains délicieuses déposent leur solitude
Sur les iris du temps couché dans l’herbe dorée
Où vont et viennent hâtifs les ocres scarabées
Touchés par les assauts d’une lourde inquiétude.
Et je me sens, mon âme, abandonné par tous
Tel un esquif qui flotte au gré des vents hostiles ...
Et veux comme Théocrite changer en douces idylles
Mon cœur endolori couvert de tendres mousse !
Comme Lermontov je veux glorifier la vie
Des immortels poètes, pèlerins de l’infini.
Athanase Vantchev de Thracy
Château de Chamarandes, le 20 août 2017
Glose :
Théocrite (en grec ancien : Θεόκριτος / Theókritos), né vers 315 et mort vers 250 av. J.-C. Poète bucolique grec. Il était considéré comme l’un des sept poètes de la Pléiade poétique.
Idylle (n.f.) : le terme d'« idylle » (du grec ancien εἰδύλλια / eidúllia, littéralement « forme brève », de εἶδος / eĩdos, « la forme ») s'applique à l'origine à un genre poétique de l'Antiquité. Il s'agit de poèmes inspirés par la poésie pastorale de Théocrite, considéré comme le fondateur du genre.
En 1832 sa grand-mère s'installe à Saint-Pétersbourg. Lermontov la suit et rejoint l’école des Cadets, d'où il sort cornette du régiment des hussards de la Garde impériale.
ENGLISH :
When the Fields Grow Yellow
« Когда волнуется желтеющая нива,
И свежий лес шумит при звуке ветерка »,
(When the yellowing fields gently ripple
and the cool forest murmurs with the music of the winds)
Lermontov
My soul, when the fields grow yellow and autumn has come,
a gentle melancholy disturbs the leaves,
the great house is empty and no one now welcomes
the pure crystal of voices turned to lifeless songs.
Two delightful hands surrender their solitude
to the irises of time that lie in the gilded grass
where yellow-brown beetles come and go in haste
disturbed by the onset of a grave unease.
And I, my soul, I feel abandoned by them all
like a small boat tossed by hostile winds…
and, like Theocritus, I want to transform into sweet idylls
my sorrowful heart covered in tender moss!
Like Lermontov, I want to celebrate the lives
of immortal poets, pilgrims of infinity.
Translated from the French of Athanase Vantchev de Thracy by Norton Hodges